| UN MONOLOGUE EGYPTO-FRANCO-ARABE | |||||
| (très possible dans les années quarante | |||||
| jusqu'aux soixante) | |||||
| Ecoute ma chère, hier jeudi, c'était le jour de la (guassala), | |||||
| j'ai cuisiné la (mégadara et la chakchouka) et j'ai préparé une | |||||
| (soneya) de (batata helwa), j'ai envoyé Attayat, notre | |||||
| (mékhabéla) de bonne chez le boulanger grec Panayoti pour rôtir | |||||
| la batata à une1/2 piastre. | |||||
| Aujourd'hui j'ai invité pour le dîner ma soeur Marie avec son | |||||
| mari Jacques (yakhti alé). J'ai demandé à ma fille de venir | |||||
| m'aider. Je lui ai dit "Montre moi ta (chatara) et prépare une | |||||
| bonne (taeléya) pour la (molokhéya)". Sa réponse: "Pour la | |||||
| (mélokhlokh) je suis bien prête à tout. Est-ce que mon cousin | |||||
| Daniel le (galabawi) sera aussi?" Je lui ai répondi " Non, (mén | |||||
| guér char ménhou) il est invité chez la famille de sa femme | |||||
| Ginette, la niçoise (asli)". | |||||
| (Basse), ma fille a pris des ails et a commencé à les | |||||
| (fassasser). Elle a pris le (hon) et a bien (affassé) les ails. | |||||
| Elle a allumé (le wabour el nafass) et pris la poêle, tu sais, | |||||
| (yaani) la (maala), elle a mis de l'huile, quand l'huile a | |||||
| chauffé, elle a ajouté les ails. Entretemps, moi j'ai (attafé) | |||||
| la mélokhya que j'ai bien hachée ensuite avec le (oli maaya) tu | |||||
| sais avec quoi. Quand l'eau a bouilli dans la grande casserole, | |||||
| nous avons ajouté la (taeléya) avec la Melokhya hachée ainsi | |||||
| que la viande préparée à l'avance. Tout en épluchant les | |||||
| oignons, on entendait Leila Mourad, (ya omri aléha) à la radio | |||||
| chanter (balach tébousni fi enéya ..) , et les larmes coulaient | |||||
| en flots, je ne sais pas si c'est à cause de Leila ou des | |||||
| oignons. Juste au beau milieu on a tapé fort à la porte, j'ai | |||||
| sursauté, toute éffrayée (stour ya khouwati). C'était le fils | |||||
| de la voisine d'en haut, non pas la chélékhténéya, mais Gracia | |||||
| la spanyolélya. Pépo, (el afrit el azraa) qui vient demander de | |||||
| leur prêter un kilo de farine pour que sa mère prépare du | |||||
| (kaak). Je le lui ai donné, tout en étant sûre que je ne | |||||
| reverrai jamais cette farine. | |||||
| .. Bien sûr que ce n'est pas (kéfaya) avec la mélokhya, il | |||||
| fallait aussi préparer le riz, cuisiner des pommes (sefrito) du | |||||
| poisson (charmoula). Yaani un vrai dîner du Chabat. J'ai pris | |||||
| des raisins, je les ai bien (affassé) et voilà un bon vin pour | |||||
| le Kidouch. | |||||
| Ma fille, (smalla aléha), a mis de l'ordre dans la cuisine. | |||||
| Elle a rangé le tout dans la (namléya). Elle a (sayaé) la | |||||
| (fassaha). Moi j'ai préparé la table à la salle à manger. | |||||
| A midi mon mari est rentré du travail, après le déjeuner il a | |||||
| pris son journal préféré "Le Miroir des Sports" de Paris, tout | |||||
| en fumant sa cigarette et sirotant son café (yérawaa rasso). Un | |||||
| grand vacarme l'a fait sursauter: "(Di mich Icha di) on ne peut | |||||
| pas avoir du calme dans cette maison". C'était les enfants du | |||||
| quartier qui dégringolaient les escaliers. Puis il s'adresse à | |||||
| moi: "Appelle le (bawab el méhabéb) dis lui d'éloigner ces | |||||
| enfants, (wé yetlahlah chéwaya)" | |||||
| Le soir le repas était un vrai succès. Ma soeur Marie m'a dit | |||||
| :"Ça fait bien longtemps qu'on n'a pas mangé une si excellente | |||||
| mélokhéya, (yesalam idek wé sofra dayman)" Je lui ai répondu: | |||||
| "(Damèt Hayatek) mais tous les honneurs c'est à ma fille". Ma | |||||
| soeur Marie: "(Khamsa aléha chatra)". Même le mari de ma soeur, | |||||
| un vrai (khawaga) (kanèt nafssou maftouha awi) a mangé, sans le | |||||
| mauvais oeil, 2 grands plats, mais vraiment 2 grandes assiettes | |||||
| de mélokhéya avec beaucoup, mais beaucoup, je n'éxagère pas, de | |||||
| riz, sans parler les deux gros poissons charmoula (sahéten ala | |||||
| albou), Pour terminer on a mangé du (khochaf) (la batata hélwa) | |||||
| et une bonne (ahwa mazbouta). (Wé kol sana wentou tayébin). | |||||
| Source: Albert Farhi | |||||